- BIENVENUE AUX NARCISSES - LA LLAGONNE (66) |
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LA LLAGONNE et son histoire
L'actuelle église fut fondée un peu avant 866, année de consécration de l'église de Formiguères, qui dirigeait les affaires spirituelles du Capcir. Elle fut donnée par le comte de Cerdagne Seniofred avec tout "le vilar de La Llagona" en 942 à l'abbé Amiterd de Cuixa pour le compte de l'abbaye de Saint Michel, et elle le restera jusqu'à la révolution. Le pape Serge IV confirma cette donation en 1011, on en retrouve trace dans un document de donation stipulant "Villam Lacunam cum eglesia sancti Vincentii". C'est là que l'on trouve le saint patron du lieu, St Vincent.
L'église St Vincent date du XIIe siècle, elle fut bâti sur les restes d'un ancien château, qui était d'ailleurs plus une maisonvaguement fortifiée qu'autre chose. On reconnaît son style roman au bel appareil et au portail très sobre. Son abside était autrefois circulaire, mais elle a été remplacé par une abside rectangulaire au XVIIIe siècle. Il reste néanmoins le départ de l'ancienne abside. St Vincent sera l'objet de plusieurs remaniements. En 1742, par exemple, la sacristie fut créée. En 1801, il fallut refaire le côté droit du portail, il avait été détruit par un tir d'obus de l'armée du général Dagobert lors de la guerre de 1793. Le vieux clocher, lui, fut reconstruit en 1843, et doté de cloches neuves (celles qui sont actuellement en place). Les anciennes s'étaient cassées en tombant lors de l'effondrement du clocher l'année d'avant. L'édifice conserve du mobilier ancien fort intéressant, en particulier un antépendium du XIIIe siècle. Un antépendium est un devant d'autel, une sorte de cache dont les décors expliquent la vie d'un Saint ou un épisode de la Bible. Ca correspond un peu à un tableau explicatif, un support pour le prêtre qui peut ainsi expliquer la vie du Saint en se basant sur ces dessins. Celui de La Llagonne représente le Christ dans une mandorle, assis en majesté, jugeant les morts. Il conserve encore de grande partie peint. Il mesure 1m65 sur 96cm de large. En plus de l'antépendium, l'église de La Llagonne possède un baldaquin richement décoré (également du XIIIe siècle) et un Christ romano-bizantin du XIIe siècle. Il va de soi que ces trois pièces du patrimoine sont classés aux monuments historiques.
Le Christ Roman Byzantin actuellement conservé dans l'église a été envoyé à une exposition d'Art religieux en 1935 et fut classé monument Historique par la Direction des Musées Nationaux. C'est un Christ en croix, entièrement sculpté, vétu d'une robe longue , à la manière de Volto Santo de la Cathédrale de Lucques (milieu du XIIème siécle) suivant un type syrien et palestinien repris dans la fresque de la Basilique Santa Maria Antiqua à Rome et semblable au Christ en croix de la Cathédrale de Brunswick sculpté par Imervard vers 1160. La ressemblance entre ces 3 oeuvres - un certain air de même famille pourrait on dire - est en effet frappante jusque dans le détail . Cependant à en juger par sa fracture primitive, et la rigidité plus austère de ses lignes, il est vraissemblable que le Christ de La Llagonne est antérieur aux deux autres, d'où son intérêt, ce qui le fait estimer à la date du XIème siècle. Il est important en plus de souligner la curiosité du fait que le Christ est non seulement sculpté en robe, mais effectivement habillé d'une toile peinte plaquée et collée. Technique trés habile, surprenante et en tout cas, peu commune... On reconnait de ces Christs Byzantins vêtus d'une tunique, deux autres exemples dans la Région du Languedoc Roussillon, celui de Belpuig et celui d'Angoustrine. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, ces Christs vêtus ne sont pas une exception, mais contraire à la règle dans l'art byzantin et en occident jusqu'au IXème siècle. Le Christ de La Llagonne dérive comme tant d'autres, de celui de l'Evangéliaire Syriaque de Rabula, miniature exécutée sur parchemin d'un monastère d'Arménie en 586 et dont le corps est recouvert jusqu'au pied d'une longue tunique (colobium) de pourpre avec des bandes d'or. L'usage du crucifix vêtu , qui a prévalé pendant un temps assez long, s'explique par un sentiement de respect à l'égard du Christ. Ceux qui s'offusquaient de la nudité ne songeraient aucunement à ce qui s'était vu sur le calvaire, puisque selon les Evangiles, le Christ fût dépouillé de ses vêtements avant d'être crucifié ; mais ils avaient surtout le souci d'écarter une représenrtation qui les choquait. Au IXème siècle, on commence à revenir au Christ nu ; mais pour voir la disparition des types de crucifix habillé, il faut attendre l'avénement des tendances réalistes dans l'art sacré à partir du XIIIè siècle, sous l'influence de Giotto au du mouvement fransciscain Article écrit par Robert SAURY vers 1993
Mis à part l'église, il faut savoir qu'au XIIIe siècle La Llagonne était fortifié. Un document de 1267 nous le prouve, citant le "Castrum de La Llagona". Un autre document, de 1345 celui là, l'indique également. Ca signifie que le village avait une certaine importance, son emplacement géographique doit y être pour quelque chose... Un "Castrum", c'était essentiellement une enceinte fortifiée, le plus souvent en forme de cercle qui contenait l'église et le château. Cette enceinte fut peu à peu abandonnée, et les pierres servirent en partie à la construction du presbytère.
LE BLASON DE LLAGONNE
La blason de La Llagonne est assez simple, sa description est facile à comprendre. Tout d'abord, il faut savoir que contrairement aux apparences, il n'est pas scindé en plusieurs parties mais à une seule couleur. C'est ce qui est introduit par les mots "d'argent", qui désigne le blanc. Une "fasce", c'est une bande horizontale. Le noir, en héraldique, se dit "sable", d'où les trois bandes noires sur le blanc. Le "chef" représente la partie haute du blason, il n'est pas marqué comme "soudé", c'est à dire qu'il a un trait de séparation avec la partie principale. Le chef est "d'azur", c'est à dire bleu, et il est "chargé" ("il contient") une meule.
Explications Le blason de La Llagonne est à rayures blanches et noires surmonté d'une partie bleue sur laquelle se trouve une meule, qui rappelle le passé agricole de la ville. La Llagonne s'est équipée de plaques de rue en céramique ornées du blason, comme la photo ci-dessous le montre.
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